Tchad: la mort de Khalil Ibrahim et les concomitances suspects. par Lesao.

4 Janvier 2012 , Rédigé par Jeunes Tchad

Khalil Ibrahim, le chef rebelle du MJE, est mort. Tué, officiellement, par l’armée soudanaise dans le sud-ouest du Kordofan . A priori ce fait peut sembler anecdotique pour les Tchadiens puisqu’il ne s’agit après tout que d’un problème apparemment interne au Soudan, du destin tragique d’un fils de ce pays tué par les siens. Or les choses ne sont effectivement simples que d’apparence. Parce que la disparition de M. Ibrahim, beaucoup s’en doutent, marque une nouvelle étape, non seulement dans les milieux de l’opposition armée au régime de Khartoum, mais aussi dans la gestion du pouvoir actuel de monsieur Déby. Plusieurs raisons nous permettent de croire cela : La première et la plus évidente des raisons est naturellement celle qui consiste à supposer que la disparition du chef du MJE aura comme conséquence immédiate l’exacerbation du conflit familial des Itnos, précisément entre Déby et son frère Timane. Rappelons juste que ce conflit est né à la suite de l’extinction de la belligérance indirecte qui opposait le Soudan et le Tchad depuis 2004, et surtout lorsque Déby, dans la lancée de cette réconciliation avec Omar El-Béchir , ordonna l’expulsion de M. Khalil Ibrahim du Tchad au mois de mai 2010. Il est tout à fait plausible que le frère du satrape, fervent défenseur de Khalil Ibrahim, n’accepte guère que la mort de son neveu et protégé passe par pertes et profits et s’engage, en représailles contre celui que tous désignent unanimement comme le premier commanditaire, Déby, dans un bras de fer plus franc avec son cadet.
Mais l’élimination du chef du MJE peut être lue également dans une perspective géostratégique. Une corrélation directe peut être établie entre elle et la situation qui prévaut actuellement dans la zone sahélienne après le démantèlement du régime de Kadhafi. Après avoir soutenu le guide libyen jusqu’aux derniers instants, le MJE regagne tranquillement sa base darfourienne avec un arsenal militaire sans commune mesure et une manne financière plus que consistante. Or, pour les puissances occidentales dont les intérêts nouvelles dans la sous région sont clairement affichés, un Khalil Ibrahim riche et si bien armé, déambulant dans la zone peut constituer un risque majeur dont ils ne sauraient prendre. Cela est d’autant plus vrai que l’homme a toujours été très peu réceptif à leurs argumentaires voire un obstacle évident dans la promotion de ces intérêts occidentaux. Son refus de signer les accords de Doha malgré les diverses pressions en est une parfaite illustration de l’impossible convergence entre les deux entités. Si l’on ajoute à ces raisons la possibilité qu’un deal ait pu être noué entre le guide libyen aux abois et le rebelle en déshérence, pour tel ou tel but, il est permis de penser que la mort de Khalil Ibrahim garantisse pour les Occidentaux, à la fois une relative tranquillité dans la zone et l’assurance qu’il n’existera plus de possible témoin ayant côtoyé le dictateur du Syrte dans ses derniers instant de règne.

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