Tchad : délires et caprices les plus fous érigés en mode de gouvernance.

22 Novembre 2012 , Rédigé par Jeunes Tchad

395590_294766100570526_552980086_n.jpgRien ne va plus au pays de Toumaï et cela perdure de génération en génération. Bon nombre d’entre nous ne sont-ils déjà tentés de se dire que notre pays est livré à jamais à cet obscur sort ?
Non, il ne s’agit en aucun cas d’une fatalité, mais il s’agit là bel et bien du fait de l’homme. Ce qui est fait par un homme, peut-être défait par un autre sinon le régime NAZI aurait survécu jusqu’à aujourd’hui.
Nous n’avons pas besoin de nos jours de faire le tour du monde pour constater notre considérable retard sur tous les plans, et d’admettre que cette ébullition qui couve exploserait tôt ou tard.

L’avènement de la démocratie dans notre pays le 1er décembre 1990 ne fut qu’un leurre. Pourtant, tout semble bien indiquer que le pays était entré dans une nouvelle ère de libération nationale, après huit années de féroce dictature qui a endeuillé presque toutes les familles tchadiennes.
Les criminels et les tortionnaires de l’ancien régime n’ont jamais répondu devant la justice de leurs abominables actes.
Ils jouissent bien au contraire, d’une totale impunité à tel point que ces individus en oublient même qu’ils sont avant tout responsables de crimes contre l’humanité, et par conséquent il n’existe point de prescription en la matière.
Rappelons que presque vingt ans après l’horreur qui a secoué le Rwanda dans les années 1994, le Tribunal pénal international pour le Rwanda juge encore les bourreaux de ce génocide.
La plupart d’entre eux sont souvent arrêtés au fin fond du globe, car ils ont cru à tort commettre de tels crimes inimaginables et s’évanouir dans la nature.
Lors de sa prise officielle de fonction en qualité de Chef de l’Etat, le futur machiavélique et despote Idriss DEBY avait prononcé au cours de son allocution, une phrase restée célèbre et gravée à jamais dans la mémoire collective que je cite : « ce cadeau n’est ni or, ni argent, mais c’est la liberté ». Cette liberté promise tant attendue et espérée par un peuple tout entier, était dans les faits le prélude d’une apocalypse déguisée.
La sensation d’euphorie qui a envahi tous les Tchadiens n’a duré qu’un court instant, puisque la tragédie dissimulée derrière cette volonté de prise de pouvoir n’a pas tardé par se manifester.
Depuis lors, il ne se passe pas un jour sans que de paisibles citoyens ne soient dépouillés de leurs maigres moyens de subsistance, voire tués par des individus armés, connus de tous et protégés. L’expérimentation de tout ce qui relève de l’absurdité a atteint son apogée depuis belle lurette.
Toute une génération des Tchadiens n’a connu que l’oppression et l’injustice. Le pire avec ce régime du despote Président à vie, l’une des dernières dictatures staliniennes sur terre, aucune alternative politique ne se profile à l’horizon.

Ce sanguinaire dictateur avide du pouvoir, responsable de centaines des milliers de morts, habité par la violence, le désordre et le chaos, et aveuglé par la cupidité d’une infime minorité n’agit que pour le compte de celle-ci.
Non seulement il a conduit le pays dans un tel état de délabrement à cause de sa mauvaise gestion, mais il a aussi compromis tout éventuel redressement du pays en éliminant physiquement des leaders politiques non-violents et intègres.

Avec sa bénédiction une infime minorité s’est emparée progressivement de tous les leviers adéquats sans exception, en vue de s’éterniser au pouvoir et de surcroît continuer les pillages systématiques des ressources du pays.
Il a instauré dans le pays un mode de gouvernance basé sur un redoutable système mafieux, d’où l’opacité totale dans les comptes publics.
Un tiers de dépenses de l’Etat n’est pas inscrit dans le budget national, et de toute façon aucun service de l’Etat n’est en mesure de chiffrer avec exactitude ce que cela représente.
D’ailleurs en existe-t-il déjà un service de l’Etat digne de ce nom dans ce pays ?
Normal, dans un Etat inexistant au milieu des précipices enfin pour la majeure partie des Tchadiens, c’est le contraire qui aurait surpris.

Les récents mouvements sociaux qui ont duré plus d’un mois, et qui sont des revendications légitimes des travailleurs du secteur public ont démontré parmi tant d’autres situations que les préoccupations du dictateur sont ailleurs.
C’est un mécontentement social inexprimé et supporté par les agents de l’Etat depuis des années qui vient de se mettre au grand jour.
Il traduit un sentiment de frustration et d’humiliation qu’ils endurent à la fin de chaque mois et cela dure déjà.
En effet, les agents de l’Etat ne perçoivent plus leurs salaires régulièrement à la fin de chaque mois depuis très longtemps, pendant qu’une infime minorité des protégés s’offre le plaisir d’étaler le faste de son train de vie et de célébrer ses milliards acquis illicitement. C’est intolérable et injustifiable pour un pays qui exploite et exporte son pétrole depuis plus de dix ans, de soumettre ses propres agents dans le joug de cet asservissement.
L’improvisation, l’amateurisme et l’indifférence du gouvernement face à cette crise sociale ne se sont pas fait attendre.
Ne sachant apporter des réponses concrètes à cette crise, le gouvernement comme à son habitude patauge en s’abritant derrière des arguments saugrenus et infondés.
Sa réponse a consisté à prendre des mesures de rétorsion, autrement dit des affectations sanctions, des retentions de salaires et condamnation des journalistes qui n’ont fait qu’accomplir leur devoir d’informer.
Etouffer une crise sociale par la répression en détournant la justice de sa véritable mission, ou bien impliquer des Responsables religieux dans un conflit social qui découle d’une injustice inouïe relève d’une méthode d’un autre temps.
Il en revenait de même de faire grève ou pas, tant que l’infime minorité vaque à sa déprédation quotidienne le reste n’a pas d’importance.

Dans un Etat dans lequel les institutions nationales fonctionnent correctement, c’est au gouvernement qu’échoit la mission de déterminer et de conduire la politique de la nation. Or dans notre pays où la gabegie est reine, seuls les caprices et les délires les plus fous du prince, enfin seuls les caprices et les délires les plus fous du couple princier comptent.
On ne peut nier l’évidence d’une dyarchie à la tête du pays compte tenu des considérables et néfastes influences de la première dame sur son mari de Président.

En vérité, notre pays est un Etat privatisé et qui essaye bien que mal de donner l’image d’un pays dit : « normal ». Il suffit de faire le constat sur le terrain avant de s’en apercevoir que tout a été déjà réparti entre les membres de cette infime minorité.
Non seulement aucun secteur de l’économie n’a dérogé à cette folle règle, mais en plus cette privation sauvage s’est étendue sur tous les autres domaines y compris ceux qui relèvent des missions régaliennes de l’Etat.
La lente marche vers l’accaparement de toute l’économie du pays s’est accélérée dans les années 1999, avec l’acquisition en dehors de tout cadre légal de l’Office national des routes (Ofnar), baptisé depuis lors Société nouvelle d’études et de réalisations (Sner) par Mr Daoussa DEBY qui n’est autre que le frère du Président.

Tout est élaboré, décidé et exécuté en fonction de leur intérêt, au détriment de l’intérêt général qui est censé justifier toute action des pouvoirs publics.
Les nominations à des postes des responsabilités et notamment ceux à caractères financiers, leurs domaines de prédilection, disons plutôt les successions à tour de rôle se décident en réunion de famille et le moindre désaccord sur ce tour de passe-passe se règle aux frais de l’Etat. L’incendie qui a ravagé dernièrement le dépôt de la douane de N’guéli est on ne peut plus claire.
Tout comme l’annulation des résultats du baccalauréat première session de 2012, résulte du simple fait que des candidats issus de cette infime minorité et qui sont choisis par le régime pour suivre des études supérieures en mine, en vue de ruiner la future exploitation du gisement minier n’ont pas été reçus.

Par ailleurs, la sinistre Direction générale de grands travaux et projets présidentiels est un véritable organe de détournement des fonds publics. Etat dans un Etat, cette direction est l’œuvre des tristement célèbres corrompus du régime. Ils sont connus par leur valse entre gouvernement et présidence de la république, et ne se sont jamais privés de tout ruiner sur leur passage.
Dans le but de justifier l’irrémissible, ces ripoux n’ont pas manqué d’idées afin de tromper les bailleurs de fonds et l’opinion internationale sur la confiscation de cette manne pétrolière par une infime minorité de la population.
Il suffit pour cela de faire la comparaison entre les fonds réels affectés à cette structure, et les réalisations concrètes de tous les soi-disant grands travaux et projets présidentiels. Le décevant résultat est à la hauteur de leurs imaginations.
Une leurs meilleures réalisations est l’aménagement d’une bagatelle place de la nation qui a coûté pas moins de dix milliards de FCFA. Alors qu’au même moment, le minimum vital pour vivre décemment en tant qu’être humain fait défaut à la majeure partie de nos compatriotes.
On peut se passer de commentaires tant l’horrible situation parle d’elle-même.

Tout ce qui vient d’être décrit ne représente qu’une goutte d’eau dans l’océan. Le malheur qu’endure le peuple tchadien depuis plus de deux décennies de règne du despote DEBY, ne peut se résumer en quelques pages.
Avec tout cet arsenal militaire constitué avec la manne du pétrole, nous sommes conscients que Mr DEBY est prêt à commettre l’une des pires tragédies pour se maintenir ou placer un des siens au pouvoir.
Cet inaudible et aveugle régime que l’on ne sait finalement dans quelle catégorie des barbaries placer, n’hésiterait pas une seconde à réprimer dans le sang tout désir du changement.
Nous avons le devoir de nous mobiliser afin de sensibiliser et d’alerter l’opinion internationale pour l’instauration d’un embargo sur la vente d’armes au Tchad.

Compte tenu de l’histoire tragique de notre pays, nous devons renoncer de recourir aux armes pour régler tous les maux qui minent notre pays. Le sang a trop coulé et ça doit suffire ainsi. Cela s’inscrit dans la logique de notre lutte pour la liberté, et est valable pour le régime de Mr DEBY en premier lieu.
C’est un combat pour une véritable démocratie, pour la liberté et le développement de notre pays. La lutte contre l’injustice et l’oppression est un combat de longue haleine et rien n’est acquis d’avance.
Nous devons dénoncer haut et fort cette injustice et cette oppression et affirmer clairement notre désir pour un réel changement dans notre pays.
Tout homme est censé naître et vivre libre, par conséquent les Tchadiens aussi sont censés naître et vivre libres.
La liberté s’arrache et non ne s’octroie.

Mahamat Saleh ABDERAHIM DAHAB
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