RCA-Mali: Quand les intérêts français et ses intervention attisent les conflits en Afrique

26 Mai 2014 , Rédigé par Jeunes TchadJeunes Tchad est un espace de discussion et de réflexion administré par DJARMA Acheikh Ahmat Attidjani blogueur activiste et analyste indépendant.

RCA-Mali: Quand les intérêts français et ses intervention attisent les conflits en Afrique

CE QUE DES AFRICAINS DISENT AUSSI A TRAVERS L'EUROPE et le fossé entre des membres de la diaspora africaine en Europe et des médias dans des pays européens n'a jamais semblé aussi grand.Et des patriotes connus dans certains milieux connus de la diaspora africaine ont été inquités par rapport à ces rencontres des 130 militaires de divers grades dans des armées de 17 pays européens, à Larissa(modeste ville située au centre de la Grèce.Pourquoi? Parce que des contingents des soldats européens iront dans le cadre des opérations de combats nommées "EUROFOR-RCA" en Centrafrique pour "mettre fin au chaos" alors que ces genres d'opérations n'ont jamais donné des résultats positifs pour les populations en terre africaine de la République Démocratique du Congo, à cause des agendas cachées car seuls et uniquement des Européens concernées sont des décideurs. D'où cette légitimité chez ces Africains connus de l'Europe d'avoir beaucoup de soucis pour ce Congo(où des changements majeurs et politiques sont déjà programmés***) et le Soudan, déjà amputé d'une partie de son territoire devenue le Sud-Soudan avec "ses propres massacres des populations dites chrétiennes".

Sous un autre angle des médias concernés,ces derniers temps, la République Centrafricaine (RCA) fait l'objet d'une grande attention dans l'actualité française qui a régulièrement mis en avant les affrontements entre les "rebelles de la Séléka" (dits musulmans) et les groupes anti-Balaka (dits chrétiens). Et il y a aussi beaucoup de prises de position et des informations sur l'assassinat affiché d'une journaliste française.3 employés locaux de "Médecins Sans Frontières" assassinés parmi les 16 civils centrafricains dans l'enceinte d'un hôpital de la petite ville centrafricaine de Boguila en avril 2014 sont dans les indicateurs de l'insécurité de guerre qui perdure en RCA.

Ces deux mouvements-là en Centrafrique(RCA) ont causé d’innombrables morts et blessés aux cours des mois précédents dans tout le pays. Pour comprendre ce qui s'est réellement passé, il faut revenir sur le déroulement des faits et sur l'intervention de la France(Etat français) qui a été, c'est vrai, la première puissance occidentale à s'impliquer directement dans le conflit.Malgré la "guerre" présentée comme "centrafricaine" entre des musulmans et des chrétiens; ce qui est une intrumentalisation des églises et mosqués(religions) par des gens d'une classe politique,dans la diaspora africaine de l'Europe, il y a un devoir d'évoquer des enjeux géostratégiques de contrôle des matières premières à la fois en RCA,en République Démocratique du Congo et au Soudan.Qui est ou qui sont ces maîtres de ces enjeux?."Tango makambo mayaki ndongo, batu ya poto balingi nini?"(*)


Remontons donc quelques années en arrière.

La situation politique centrafricaine, déjà calamiteuse, se détériore gravement avec la réélection très contestée de François Bozizé le 23 janvier 2011 à la tête du pays. L'opposition désapprouve la gouvernance et les méthodes du président réélu qui conserve avec son parti, la Convergence nationale Kwa Na Kwa (KNK), la majorité à l'assemblée nationale. Pour freiner la contestation, Bozizé forme un "gouvernement d'union nationale" le 22 avril en nommant certains membres de l'opposition dans ce nouveau gouvernement. Il refuse néanmoins de prendre en compte les préoccupations de l'opposition armée qui, dans le cadre des accords de paix signés en 2007 et 2008, attend de voir ses membres intégrés dans l'armée centrafricaine.

Frustrés par les lenteurs ou l'indifférence du président Bozizé face aux accords de paix, plusieurs membres de la dite opposition armée se regroupent au sein du mouvement Seleka («union» dans une langue centrafricaine, le Sango). Très vite, ce mouvement, qui bénéficie de l'appui de mercenaires venus du Soudan et du Tchad, est qualifié de "milice islamiste". Il s'agit en réalité d'une coalition d'individus venant, pour certains, de l'ancien mouvement rebelle dénommé Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR) opposé à Bozizé, pour d'autres, de la jeunesse centrafricaine désoeuvrée. Ce mouvement comprend également d’anciens militaires mécontents de l'armée centrafricaine. Cet agrégat d'individus n'a véritablement pour cohérence que son opposition à Bozizé et la volonté de l'écarter du pouvoir. Ils prennent donc les armes le 10 décembre 2012 pour se faire entendre et contraindre François Bozizé à respecter les accords signés avec certains d'entre eux en 2007. Ils lancent une offensive éclair et menacent en quelques jours seulement de prendre la capitale Bangui. Le président centrafricain est fragilisé et son pouvoir vacille devant l'avancée de la Seleka.

Les chefs d'Etat de l'Afrique Centrale se mobilisent alors pour sauver le régime de Bozizé. Ils y parviennent en invitant les insurgés à déposer les armes et en trouvant un accord de sortie de crise entre le chef de l'Etat centrafricain et ces derniers le 11 janvier 2013 à Libreville (Gabon). Mais, suite à ces négociations, Bozizé oublie ou ignore une fois de plus ses engagements vis à vis des rebelles de la Seleka et certains d’entre eux reprennent la lutte armée pour le chasser du pouvoir. Il sera effectivement renversé le 24 mars 2013 et la Seleka dirigée par Michel Djotodia (pourquoi a-t-on mis très en évidence le fait que Djotodia est musulman?) prend le pouvoir à Bangui.

La situation sécuritaire se dégrade rapidement dans le pays. La capitale centrafricaine est livrée aux pillages et à toutes sortes d’exactions commises par certains éléments de la rébellion Seleka. Bien que le président Djotodia décide en septembre de la dissolution de la Seleka, nombre de ses membres refusent de désarmer. De nombreux Centrafricains sont effectivement tués, blessés ou mutilés, et la presse occidentale se met à parler de la «chasse contre les chrétiens». Ce qui n'est pas exact car parmi les victimes de la Seleka, il y a, outre les militants de Bozizé, des Centrafricains de divers groupes ethniques et d'autres croyances religieuses. Face à ce déchaînement de violence, des milices d’auto-défense, les «anti-Balaka», créées en 2009 pour lutter contre les coupeurs de route, se réorganisent pour se protéger des exactions de la Seleka. Il faut préciser que contrairement à la présentation qui est faite dans les médias occidentaux des anti-Balakas, ceux-ci ne sont pas nécessairement tous chrétiens et ne sont pas en guerre contre l'Islam. Beaucoup parmi eux sont plutôt animistes et ne revendiquent pas d’identité religieuse dans leur opposition à la Seleka. Ils s'opposent d'abord à la violence aveugle contre les populations et aux tueries. Leur démarche est, à l'origine, la défense des civils non armés face à la défaillance de l'armée et de la police centrafricaines.

En novembre 2013, Michel Djotodia restaure le couvre-feu mais les massacres de Centrafricains continuent en dehors de la capitale. Le 5 décembre 2013, après une nouvelle nuit de violences où l'on dénombre plus d’une centaine de morts, le Conseil de sécurité de l’ONU autorise la France à intervenir pour mettre un terme aux exactions. Le président François Hollande décide donc d’agir rapidement: «vu l’urgence, dit-il, j’ai décidé d’agir immédiatement, c’est-à-dire dès ce soir (...) Cette intervention sera rapide, elle n’a pas vocation à durer». Le soir-même, près de 250 soldats français sont déployés dans les rues de Bangui. D’autres, en provenance du Cameroun, viennent renforcer ce dispositif. Au total, 1600 hommes sont déployés sur le terrain. Des hélicoptères PUMA et un détachement aérien en provenance de la base militaire française du Tchad arrivent pour appuyer l’action des véhicules blindés et des troupes d’infanterie. Cette initiative, baptisée «opération Sangaris» est bien accueillie par Michel Djotodia qui déclare que l’armée française est une «amie» de la Centrafrique et que les militaires français «viennent pour aider et pas pour soutenir un camp au détriment d’un autre». Ce n’est pourtant pas ce qui va se passer sur le terrain.



Dès le 8 décembre, les soldats français arrivent dans la ville provinciale centrafricaine de Bossangoa où se trouve un grand nombre de déplacés et prennent position dans la capitale le lendemain. Les opérations de désarmement commencent et la tension entre les troupes françaises et les éléments de la Seleka est perceptible. L'état-major français note: " Ils ont compris qu'ils vont devoir être regroupés, désarmés, que la force française est en train de s'imposer à leurs dépens dans la capitale, ce qui crée une tension". Les propos sont clairs. Les troupes françaises, aidées par des populations en détresse mais aussi par les milices anti-Balakas, quadrillent certaines zones où se trouvent les miliciens de la Seleka. Ces derniers seront systématiquement désarmés et quelques fois laissés à la vindicte populaire. Les anti-Balakas vont se jeter impitoyablement sur leurs adversaires de la Seleka et sur des populations musulmanes, et multiplier les actes de représaille. Les troupes françaises mènent également des perquisitions dans les maisons de Bangui soupçonnées d’abriter les membres de la Seleka. Plusieurs personnes seront arrêtées et d’autres molestées ou lynchées par la foule sous le regard passif des soldats français. Très vite, la présence française, du fait du désarmement systématique et unilatéral des milices de la Seleka, va renforcer les exactions commises par les anti-Balakas et donner l’impression que les Français sont venus à l’aide, non pas de l’ensemble des populations centrafricaines en détresse, mais en soutien aux "chrétiens" contre les musulmans. De nombreux musulmans non armés vont donc subir des atrocités de la part des anti-Balakas.

Dans ce climat anti-musulmans, une partie de l’aide alimentaire, de l’eau et des médicaments destinés aux populations en détresse, sera pratiquement confisquée par les milices anti-Balakas sans que cela n’entraîne la désapprobation des autorités françaises. La campagne de presse assimilant les Séléka à des islamistes sera très largement néfaste aux populations musulmanes dans leur ensemble au moment de l’intervention française. Dépassé par le climat de violence qui s’empare du pays, le président auto-proclamé Michel Djotodia est contraint à la démission sous la pression des chefs d’Etat de la sous-région et se réfugie au Bénin. Cette démission forcée conforte le sentiment d’impunité chez les anti-Balakas qui s’en prennent systématiquement aux musulmans et traduisent dans les faits la "guerre religieuse" que prônent déjà plusieurs médias occidentaux. Il est vrai que les premières réactions des anti-Balakas étaient légitimées par les réactions de violence des milices Seleka fraîchement arrivées au pouvoir. Néanmoins, les représailles contre les populations musulmanes encouragées par le laisser-faire de la France et de la nommée "communauté internationale" vont devenir incontrôlables. Selon Amnesty International, «les milices anti-Balakas mènent des attaques violentes dans le but de procéder au nettoyage ethnique des musulmans en République Centrafricaine». Amnesty déplore également la «réaction trop timorée» de ce certains continuent d'appeller la "communauté internationale" qui dans certains cas, a laissé «les milices anti-Balakas remplir au niveau du pouvoir le vide créé par le départ de la Séléka».

Pour l’Union Africaine, les anti-Balakas ne sont rien d’autre que "des terroristes" qui menacent la paix et la sécurité dans le pays. Même le général français Francisco Soriano, commandant de l’opération Sangaris, est obligé de reconnaître publiquement, au cours du mois de février 2014, que les anti-Balakas sont des «ennemis de la paix».


Rien compris plus tôt!


Pourquoi ne l’avoir donc pas compris plus tôt, ce qui aurait évité de donner très vite un blanc-seing aux anti-Balakas commettant des exactions ? Pourquoi n’avoir pas cherché, dès le début de l’intervention française, à désarmer à la fois les milices Seleka et anti-Balakas pour assurer rapidement la sécurité de tous les civils, indépendemment de leur appartenance ethnique ou religieuse ? Ce manque de discernement des autorités françaises, ou du haut commandement de l’opération Sangaris, a été fatal à des centaines voire des milliers de Centrafricains qui ont péri, soit par vengeance, soit par la haine.

Aujourd’hui la situation en Centrafrique est toujours explosive et totalement hors de contrôle malgré la présence des troupes de l’Union Africaine et le renforcement des troupes françaises passées de 1600 à 2000 hommes. Les plaies ouvertes en Centrafrique entre chrétiens et musulmans sont aujourd’hui béantes. Ces gens qui vivaient autrefois en paix et en bonne harmonie sont devenus méfiants les uns vis-à-vis des autres. Le mal s’est incrusté dans la société centrafricaine au point que les différentes tentatives de solutions pour le moins superficielles proposées par la communauté internationale seront insuffisantes pour ramener la paix et la sécurité dans ce pays.

République Démocratique du Congo*** et Soudan en grave danger et véritables cibles!.Une paix de plus en plus précaire dans la sous-région car l'insécurité et l'instabilité ont pris corps depuis plusieurs décennies en République Démocratique du Congo (RDC) et au Soudan, tous voisins de la République Centrafricaine. Les Forces onusiennes sont maintenant implantées dans tous ces pays pour des résultats dérisoires. Il faut simplement rappeler que plusieurs millions de personnes ont déjà été tués dans cette région et que les grandes puissances cherchent en même temps à se partager les richesses qui s'y trouvent. Pour mémoire, la République Démocratique du Congo (RDC) est pourvue de minerais tels, le diamant, l'Uranium, l'or, le coltan, la cassitérite,etc., la République Centrafricaine regorge aussi de diamant, d'Uranium et du pétrole. Quant au Soudan, il regorge du pétrole, de l'or, du cuivre, du nickel.

Nkumu/Rédaction centrale Europe, Genève.


(*) C'est écrit en Lingala, une des langues internationales africaines.Traduction: "une fois ces problemes gravissimes ont surgi,que veullent exactement des gens en Occident?".

***Informations exclusives du MAGAZINE NGAMBO NA NGAMBO qui émanent d'une base près de la ville allemande de Wiesbaden.

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A
On en veut encore traité de cette manière. Continuez.
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