La revanche de Deby en RCA: La vérité sur le massacre des civils centrafricain par l’armée moutonnière de Deby.

4 Avril 2014 , Rédigé par Jeunes TchadJeunes Tchad est un espace de discussion et de réflexion administré par DJARMA Acheikh Ahmat Attidjani blogueur activiste et analyste indépendant.

La soif de vengeance a poussé les soldats tchadiens à tirer sur la population civile au marché de Bégoua au Pk12.

Il est un peu plus de 14 heures, ce samedi 29 mars. Le pk 12, jour du grand marché et de ravitaillement de la capitale Bangui grouille du monde. Commerçants, soldats congolais (Rdc) de la Misca, sangaris, antibalaka désarmés mais arborant fièrement leurs gris-gris sans danger, se frottent et sympathisent. Quelques heures auparavant, une alerte avait déjà annoncé l’arrivée imminente des troupes de l’Armée Nationale du Tchad (ANT) venues rapatrier leurs compatriotes du Km5, de Bégoua et de Boda qui désirent quitter le Centrafrique.
Alors que tout le monde lorgnait du côté de la route nationale n°1, route de Damara, d’où devrait arriver ces fameux scorpions de l’Ant, c’est du côté de la route nationale n° 2 qu’est arrivé l’engin de mort. Une colonne de plusieurs véhicules (blindés légers, BJ 75) lourdement armés. Ces véhicules, portant des plaques d’immatriculation du Tchad étaient estampillés Misca. Arrivés au niveau du pont bascule, la colonne s’est divisée en deux, une est restée devant le pont bascule et l’autre est partie s’arrêter devant la station Total du Pk 12, à peu près à trente mètres de la barrière où sont postés les soldats de l’opération sangaris, les éléments des eaux et forêts, la police municipale de Bégoua et les gendarmes centrafricains en faction.

Près de vingt minutes de tirs sans arrêt

Contre toute attente, les éléments tchadiens stationnés près de la barrière sont descendus de leurs véhicules et ont commencé à faire des tirs de sommation. Soudain, ceux des blindés légers leur ont emboité le pas en tirant à l’arme lourde, Canon et 12/7, pendant près d’une vingtaine de minutes sans arrêt. Les tirs étaient d’abord en l’air, puis à ras-le sol. Commerçants, acheteurs, badauds, soldats de la Misca, force française de sangaris, gendarmes ont commencé à se trouver un refuge.
C’était la débandade totale. « Nous avions été très surpris par la violence des tirs sur la foule », dira plus tard un soldat de la Misca congolaise. Les étuis de balles trouvés sur place étaient ceux des armes lourdes. Entretemps, d’après des témoignages, des seleka cantonnés au camp Rdot et la milice peuhle de la mosquée de Pk13, route de Damara exultaient de joie et effectuaient des tirs en l’air. Les soldats tchadiens qui croyaient à une riposte des antibalaka tiraient de plus belle. Ils ont envoyé également quelques roquettes en direction de la colline d’où provenaient quelques tirs à l’AK 47, probablement des antibalaka du secteur Sassara.

Découverte macabre

Après leur forfait, ils sont repartis en direction de Gobongo comme si de rien n’était. On entendait toujours des tirs à l’arme lourde confirmant que dans leur progression, ils continuaient de tirer. Les soldats congolais, très surpris par l’attaque, n’ayant pas eu le temps de se préparer militairement, se sont terrés dans leur base, une villa contigüe à la mairie de Begoua. La sangaris était dans la concession de la gendarmerie et à l’école Begoua. Aussitôt, après que les tirs ont cessé, les congolais sont sortis sécuriser les marchandises abandonnées contre d’éventuels pilleurs. Quant aux forces sangaris, ils ont apporté secours aux nombreux blessés.

Sur le sol jonchaient plusieurs blessés et plusieurs morts, essentiellement composés de commerçants et commerçantes. Un seul mort a été identifié comme antibalaka, à cause de son accoutrement. Il sera récupéré par les siens et enterré dans les locaux de l’OCRB de PK 13. Les blessés ont été récupérés par la sangaris qui a créé un poste de soins d’urgence dans les locaux de la Gendarmerie. « L’urgence pour nous, c’est de secourir les blessés, le reste nous verrons plus tard », a indiqué un soldat français. D’autres blessés ont été conduits au dispensaire de la paroisse Saint Charles Lwanga. « Six, blessés dont une femme et cinq hommes conduits à la paroisse, ont été transférés dimanche, par Médecins du Monde pour l’hôpital communautaire », a déclaré un volontaire du camp des déplacés de Begoua. Une foule s’est acharnée sur ces soldats sangaris, les traitant de tous les noms d’oiseaux. En effet, la population ne comprenait pas pourquoi la force sangaris n’est pas intervenue pour stopper la barbarie tchadienne à quelques mètres de leur check-point.

Soif de vengeance

La fusillade du Pk 12 est une soif de vengeance de la Misca tchadienne dont plusieurs soldats ont été clairement identifiés comme appartenant à la seleka tchadienne qui opérait auparavant au marché à bétails.
Selon plusieurs sources concordantes, la colonne des véhicules tchadiens avait fait plusieurs escales. D’abord, au Pk 17 au centre Ama (détruit), ensuite, devant la mosquée détruite du Pk 15, pont de sôh et enfin, entre l’entrée du marché à bétails de Pk 13 et l’Eglise du Christianisme céleste en Afrique (dite église de Bozize), constatant avec amertume les dégâts causés par la population exaspérée sur les biens meubles et immeubles de la seleka et des milices proseleka. Trois colonels seleka, dont deux étaient des commerçants de bétails membres du bureau de l’Association des commerçants de bétails de Centrafrique (ACBC) ont été identifiés dans un de ces véhicules, un BJ 75 équipé d’une batterie d’arme à canon. Ces colonels sont des ressortissants tchadiens acheteurs de bœufs qui s’étaient reconvertis en militaires au moment de la prise de pouvoir de Djotodia.

Martial Pabandji, chargé de mission en communication au Ministère de la Communication affirmera sur son mur facebook que « l’entrée fracassante et meurtrière des éléments Tchadiens non identifiés à Bangui le 29 mars n’a pas été connu du Ministère Tchadien de la Défense et moins encore du Ministère des Affaires étrangères. Des démarches sont en cours pour sanctionner ces soldats qui auraient agi sous leurs hiérarchies sans autorisation gouvernementale de leur pays. Les Autorités Centrafricaines font tout pour arrêter définitivement avec cet épisode macabre des agissements de certaines personnalités de défense tchadiennes qui nuisent à la coopération entre les deux pays ».

Depuis dimanche, les quartiers nord de Bangui enterrent leurs morts sans assistance morale des autorités administratives, politiques ou bien des membres des organisations des droits de l’homme. Il va sans dire que ces autorités enjambent ainsi le pas à Tumenta qui considère nos morts comme un non-événement. Même au safari on verse quelques droits pour abattre les animaux, écrivait un lecteur.

Yaka Maïde
à paraitre dans Le Confident N° 3414 du 02 Avril 2014

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