L’Afrique au silence

7 Avril 2014 , Rédigé par Jeunes TchadJeunes Tchad est un espace de discussion et de réflexion administré par DJARMA Acheikh Ahmat Attidjani blogueur activiste et analyste indépendant.

L’Afrique au silence

Pourquoi l’Afrique est silencieuse face aux enjeux considérables dont elle est l’objet ?

Il est évident que l’Unité Africaine, OUA, instituée par les pères de l’indépendance Africaine en 1963, s’est retrouvée en « 50 Afriques » comme disait un certain écrivain. Est-ce une raison suffisante pour devenir complètement pusillanime devant cette appétit grandissant des puissances, qui se disputent la peau de la chèvre blanche jadis négligée, oubliée, ou réservée ? Une chose est sûre, il ne s’agit pas d’une nouvelle découverte.

L’UA, mise en place dans des conditions troubles, sans grande conviction, grâce au pétro-dollars et aux injonctions intempestives de Kadhafi, donne désormais l’impression d’un corps inanimé. Il est vrai que depuis toujours, cette institution avait plutôt, l’air d’un club des chefs d’État, dont la plupart est en mal de légitimité, et qui se côtoient dans une répugnance amicale; mais n’est-il pas temps que devant la gravité des perspectives des enjeux complètement inouïs qui concernent l’avenir de notre continent tout entier, qu’ils mettent aux placards toutes leurs aversions insensées pour regarder en face, les vautours qui planent sur nos ressources en tout genre; afin d’éviter ensemble le pillage qui se programme sans aucun état d’âme, et qui sera dommageable pour tous?

En effet, la crise économique, financière, budgétaire et bientôt monétaire qui secoue; ceux qui étaient considérés jusqu’à là, comme les leaders de ce monde, débouchera sur un bouleversement qui serait de l’ampleur des frictions sourdes qui se jouent en ce moment.

La guerre froide, et ce bien de cela qu’il s’agit, inutile de se voiler la face, alimentée par les suspicions qui gangrènent les rapports internationaux, sont les signes avant-coureurs d’un bouleversement dont les factures seront à la charge de plus faible de maillon planétaire. S’il est entendu sans conteste que le coté cours de cet affrontement est le trans océanique indien, il n’y a aucun doute que son coté jardin est bien l’Afrique.

Cela dit, il y a deux démarches qui se bousculent. L’une est une conception qui a fait son temps, et qui a montré ses limites sur son terrain et ailleurs, mais au vu de l’immense acquis technologique, informatique, et la modernisation à outrance introduit dans le circuit, voudrait coûte que coûte se maintenir malgré son échec patent qui serait à l’origine de toutes les crises auxquelles font face des gouvernements, des places boursières et autres institutions financières du monde entier.

L’autre, aux vues de l’expérience, et fort du dynamisme de leurs différents secteurs, les pays émergents cherchent à obtenir une nouvelle approche des échanges qui tiendra compte des réalités naquis d’un demi-siècle de gestion à sens unique.

L’économie dite libérale ayant été systématisée et rigoureusement maximalisée au point de devenir un cauchemar pour ses propres penseurs, constitue une Chape de plomb sur celle des pays sorties de chimère du communisme dit socialisme scientifique initiée par le contrat social.

Malgré qu’ils se sont basés sur les modèles de l’occident pour se mettre debout, il se trouve qu’aujourd’hui face à de nouvelles réalités qui sont nées de changements considérables introduits par la fulgurance de l’ère de l’internet, les pays émergents rêvent à juste titre d’un nouvel ordre économique mondiale ; reflétant le vrai contexte de donnes actuelles. Il serait incongru que le G20 conserve une vision de G7 alors que celle-ci elle-même bat de l’aile.

Au centre du débat, donc, se trouvent les matières premières, la monnaie de réserve, les dettes dites souveraines, les marchés financier et le commerce internationale.
Qui de dollars, de yen, de l’euro ou une autre trouvaille sera l’outil sur lequel se baseront les économies et les échanges de demain, pour payer la facture de la fracture née « de ce choc de parcours de l’Histoire ».

La géopolitique, objet des stratégies qui se jouent actuellement entre les grands de ce monde, dans un contexte de tribulation et du séisme mouvant qui agite le fondement même de certains États, aura de conséquences dramatiques.
La naissance d’un nouvel ordre mondial ne sera pas moins qu’un visage lénifiant de Yalta. Les protagonistes ne seront pas de mêmes couleurs, moins encore des mêmes considérations et des conditions historiques.

L’Afrique n’a pas de choix qu’au moins dans le cadre de regroupement sous régionaux actuelle, de se préparer à faire face à ces éléphants qui n’hésiteront pas à se jeter dans le magasin de porcelaine. Individuellement pris, aucun pays Africain ne peut se frayer un chemin dans cette jungle aux labyrinthes compliqués.

Le malheur de l’Afrique réside dans le faite, que ses dirigeants pour la plupart donnent l’impression qu’ils sont sélectionnés d’une autre planète. Ils sont aux antipodes des réalités qui les entourent. Souvent sujet à une inculture politique et à un déficit intellectuel énorme, ils répugnent de côtoyer les cadres intègres pouvant étudier et sceller des dossiers valables. Entourés des tartufes partisans de moindre effort, ils ne peuvent que livrer le continent à un autre siècle de désolation.

L’ère est grave. La hache de guerre idéologique étant enterrée, la bataille économique qui se joue sur la base de réserves des ressources énergétiques ne laissent aucune chance à l’Afrique de se tenir à « l’écart ». Il n’y a plus de non-alignement. Le champ de bataille est le même pour tous. Or comme l’UE, les pays membres d’UA ne portent aucun rêve commun. La seule différence est que l’UE a au moins un programme commun. Ce qui manque cruellement aux Africains.

Les Américains du nord et les pays émergents qui se bousculent aux portes de l’Afrique avec beaucoup de détermination et de fougue, au prix de déstabiliser les habitués d’une servitude béate dans un terrain conquis, eux non plus ne sont pas des misanthropes moins encore des enfants de cœur . Même s’ils mettent a mal l’ordre établi, L’Afrique doit ouvrir gros les yeux pour que seule la compétitivité et le sérieux de prestation garantissant nos intérêts fassent la différence.

Pour se faire ,il y a des conditions sine-qua non que l’Afrique doit remplir :
1- Instaurer une gouvernance respectueuse de démocratie et des droits,
2-_Rompre avec l’endémie de la corruption,
3-_Assurer l’indépendance de la justice,
4-_Homologuer les codes d’investissements et le droit des affaires au moins dans chacune des sous régions.

Autrement dit toutes démarche individuelle n’est que suicide. La compétition entre États Africains en matière du développement ne peut pas se faire au prix de bradage des intérêts nationaux aux multi-continentales et aux multi- nationales invétérées.
La seule compétition exigée est celle qui a pour but le bien-être des populations. Et comme celle-ci ne peut être envisagée que dans une gouvernance irréprochable, toutes les consciences nationales et internationales sont interpellées pour ne regarder que dans cette direction.
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Mahamat Djarma Khatir (1943), homme politique tchadien également appelé Sheikh Aboulanwar, ancien maire de Fort-Lamy et membre du Front de libération nationale du Tchad, s’est engagé par la suite dans la rébellion armée tchadienne dans le but de renverser Idriss Déby.

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